EXTASE DES SENS

    En effet, il y aurait quelque chose d’érotique dans ce plaisir de dégustation de mets délicats dans une répercussion sur le corps; cet indice du plaisir qui monte est une qualité thématique très précise : la luisance : la physionomie s’épanouie, le coloris s’élève, les yeux brillent et une douce chaleur pénètre le corps. « La luisance est évidemment un attribut érotique : elle renvoie à l’état d’une matière à la fois incendiée et mouillée, le désir donnant au corps son éclair, l’extase de sa radiance et le plaisir de sa lubrification. Le corps gourmand est ansi vu comme une peinture doucement radieuse, illuminée de l’intérieur. »
Plaisir de table et plaisir d’amour sont de connivence notamment sous l’égide de l’oralité et de la bouche. Porter un aliment à la bouche est un geste qui reste symboliquement sexuel, et l'un comme l'autre restent un besoin humain à satisfaire. « La bouche nous est donnée non seulement pour manger, mais aussi pour caresser. Toutes les vraies amoureuses que nous avons pu observer étaient de vraies gourmandes. L'amour est une friandise. Près du divan qui accompagne les amoureux, il devrait toujours y avoir des glaces, des fruits, des fines pâtisseries. »
En effet, le gâteau est une offrande, un don de soi. Le choix d’une pâtisserie est une preuve de finesse, de connaissance de la perception du goût de l’autre : dans le gâteau, c’est soi tout entier que l’on projette et que l’on offre. Offrir une pâtisserie est un gage d’affection, de tendresse ; ce don est un témoignage d’amour que l’on porte à son bien-aimé.